Il semble que le premier souci des premiers artistes 3D ait été la représentation de leur propre espèce (mais aussi beaucoup d’animaux).
Ces représentations sont contingentées par les limites techniques mais aussi par un souci d’idéalisation sans que l’on puisse clairement en connaître le sens.
Avec l’antiquité et ses connaissances techniques, la sculpture devient précise, maitrisée.
Elle s’ exerce à la représentation de la figure humaine (et aussi animale) avec un volonté de réalisme qui serait aujourd’hui qualifiée d’hyperréalisme.
Concernant la civilisation occidentale, ce sont les Grecs qui poussèrent ce souci de réalisme à un point qu’il est difficile d’imaginer aujourd’hui sans reconstitution :
Les statues étaient peintes, probablement revêtues et parées…
Ce que nous en voyons maintenant est en fait le corps nu, décapé de sa polychromie, très loin de ce que les contemporains des œuvres pouvaient voir.
Les romains vinrent ensuite, premiers amateurs et collectionneurs d’antiquités.
Ils s’inspirèrent des œuvres grecques et, probablement dans le but d’imiter ces pièces anciennes, se mirent à apprécier des sculptures achromes, dans le dépouillement de la matière elle-même, marbre et bronze principalement.
Il faudra attendre la Renaissance du XVIme siècle après des centaines d’années de censure, de régression, d’obscurantisme religieux et de terreur, pour redécouvrir ces œuvres, s’en inspirer et retrouver la simplicité (apparente) des corps nus.
Cette Ecole reposant sur l’antique et ses canons va perdurer quelques siècles au cours desquels, hors académisme, aucune autre forme d’art ne pouvait exister.
La découverte, exploratoire et conquérante, du reste du monde, va ouvrir de nouvelles voies…
Si les cultures d’Asie, principalement chinoise sont reconnues dès Louis XV et vont engendrer des modes « à la chinoise »,« à la bizarre », elles se focalisent sur les objets et matières précieuses, principalement la porcelaine mais ne vont pas s’intéresser aux œuvres d’art à proprement parler.
Les représentations qui en sont données les confinent dans une imagerie exotique qui vient tout à la fois confirmer l’étonnante étrangeté du Monde et la parfaite supériorité de la civilisation occidentale.
Ainsi des quantités incroyables d’œuvres disparaîtront sous le marteau et la torche des conquérants zélés et certains que toutes ces idoles païennes sont tout à la fois une offense à leur religion (la seule vraie) et à la grandeur de leur mission civilisatrice.
Avec la fin du XIXme siècle cependant, la profusion d’œuvres rapportées comme curiosités, va attirer le regard des artistes leur permettant d’ouvrir de nouvelles voies d’expression tel le « japonisme ».
Ce sont bien les artistes, premiers acheteurs de ces œuvres, qui vont ouvrir nos yeux à une autre conscience du monde et, au-delà, devenir les initiateurs de domaines entièrement nouveaux tels les sciences humaines…
Si les œuvres d’Asie présentes depuis longtemps, étaient perçues comme raffinées bien qu’étranges, il n’en n’a pas été de même avec celles provenant des cultures dites primitives.
Les œuvres issues de cultures tribales faisaient rire ou peur mais, en tout état de cause apportaient, de facto, la preuve de la sauvagerie de ces peuples.
Les représentations étaient, à l’évidence, grossières, barbares, outrancières, bariolées et que sais-je encore, mais quoi qu’il en soit contenaient toutes les preuves de l’infériorité de ces gens.
Cependant l’explosion impressionniste avait ouvert les esprits !
Une fois encore, les artistes ont VU et COMPRIS la valeur immense de ces œuvres, se sont attachés à les comprendre, à les connaître et à s’en inspirer.
Il n’était plus nécessaire de représenter, de transcrire académiquement, d’obéir aux canons.
L’art moderne était né !
La naissance de l’impressionnisme trouve son origine dans les débuts du monde industriel.
L’art moderne dans l’ouverture au Monde.
Ce (très) bref rappel historique a pour objet de mettre en évidence un état paradoxal :
Alors que les arts plastiques se sont affranchis de toute contrainte, une autre méthode de travail apparaît à la fin du XXme siècle : la création numérique.
Premier souci et non des moindres: acquérir une qualité technique, une définition picturale satisfaisante répondant aux critères de représentation fidèle, réaliste...
Nous voici donc, selon les uns, "repartis pour un tour" ou "au début d'un nouveau cycle" selon les autres.
Cette poussée des techniques numériques va provoquer de nombreuses interprétations, fausses pour la plupart, et l'arrivée d'expressions stupides comme, par exemple, "images virtuelles" .
Opposer le "réel" au "virtuel" est une erreur et une perte de sens mais passe encore.
Qualifier les images numériques de virtuelles est un non-sens.
C'est l'espace qui est, en l'état, virtuel...
Au plan rhétorique , il ne peut y avoir virtualité puisque l'image existe et son origine numérique ne change rien à l'affaire.
Rappelons à ce sujet la réponse de Picasso à cet homme partisan farouche du réalisme produisant comme exemple (du réalisme) une photo de son épouse:
Picasso: "donc si je vous suis, votre femme mesure quelques centimètres, est en deux dimensions et monochrome".
Passons sur l'histoire de la création numérique en 2D pour arriver à cette troisième dimension.
Les progrès techniques sont tels que, par analogie, si la construction automobile avait connu l'équivalent, entre les années 80 et 90, les automobiles auraient pu rouler à 200 000 km heure!
Nous sommes aujourd'hui très au delà de ces chiffres.
Les premiers logiciels 3D à vocations scientifiques, techniques (et militaires) ont rapidement été suivis et dépassés, avec l'arrivée des concepteurs de logiciels de création, de jeux et, en corollaire, des concepteurs de cartes graphiques.
Autre composante nouvelle mais déterminante: les périphériques "amont" et "aval" scanners et imprimantes 3D dont on peut attendre, à court terme, qu'ils deviennent aussi abordables et familiers que leurs versions 2D actuelles.
La vitesse de progression de l'ensemble de ces domaines est sidérante, en accélération constante, mais toujours limitée par l' objectif du photo-réalisme.
A peu près comme l'art était pris dans un souci unique de fidélité de transcription.
L'aventure devient passionnante quand, au delà des préoccupations téléologiques, la création numérique va pouvoir se libérer de ses critères actuels et s'ouvrir à une vraie liberté.
voir Discussions:
fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Trois_dimensions
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